Le mot “chikungunya” vient du Makondé (langue africaine) et signifie “l’homme qui marche courbé”, posture adoptée par les malades à cause des douleurs articulaires qu’il provoque1,2. Le chikungunya est une maladie infectieuse dont les premières épidémies datent de 1952 et 1953, en Tanzanie et en Ouganda2. Le virus sévit principalement dans les zones tropicales et inter-tropicales où sont présents ses vecteurs, les moustiques du genre Aedes (Aedes aegypti et Aedes albopictus aussi appelé moustique tigre)².

Quels sont les symptômes du chikungunya ?

L’infection par le virus chikungunya ne provoque pas de symptôme dans 10 à 40% des cas (cela dépend des épidémies). Dans 60 à 90% des cas, la maladie provoque des symptômes environ 3 à 7 jours après avoir été piqué par un moustique infecté2. Le chikungunya symptomatique se manifeste par1,2 :

  • Une fièvre élevée d’apparition brutale.
  • De fortes douleurs articulaires qui touchent principalement les petites articulations des extrémités (poignets, chevilles, phalanges).
  • Des douleurs musculaires.
  • Des maux de tête.
  • Une éruption cutanée au niveau du tronc et des membres.
  • L’inflammation d’un ou plusieurs ganglions lymphatiques au niveau du cou.
  • Une conjonctivite.

Dans la grande majorité des cas, l’infection évolue favorablement, sans séquelle, au bout d’une dizaine de jours2. Mais chez certains patients, les douleurs articulaires persistent plusieurs mois, voire plusieurs années. On parle alors de phase chronique de l’infection, elle concerne 30 à 40% des personnes infectées2.

Quels sont les modes de transmission ?

Le chikungunya se transmet le plus souvent par des moustiques du genre Aedes (Aedes aegypti et Aedes albopictus). En France, le moustique de type Aedes aegypti est présent aux Antilles, en Guyane et à Mayotte². Le moustique Aedes albopictus est présent sur l’île de la Réunion² et dans 67 départements métropolitains8. Le bilan établi à la fin de l’année 2021 montre que trois épisodes de transmission en métropole ont été identifiés avec 2 à 17 cas dénombrés2. Les deux premiers cas autochtones ont été signalés dans la commune de Fréjus en 2010. En 2014, au moins onze cas ont été détectés. A juin 2021, aucun nouveau cas n’était recensé3.

Le nombre de cas importés (personnes qui reviennent infectées d’un séjour à l’étranger) est variable d’une année à l’autre. Selon Santé Publique France4, 3 cas importés de chikungunya ont été signalés en France métropolitaine sur la période allant du 1er mai 2021 au 10 décembre 2021. Ils revenaient du Gabon, de Malaisie et du Brésil.

Plus rarement, le chikungunya peut être transmis par la transfusion ou la greffe (organes ou cellules). Quelques cas de transmission mère/enfant maternofoetale (au cours du 2ème trimestre de la grossesse) et périnatale ont aussi été signalés2. Une vaste étude publiée en mars 2008 par l’Institut Pasteur indique que le risque de transmission du virus à l’enfant à naître est de 50% quand la mère contracte l’infection dans les deux jours précédant l’accouchement5. Les conséquences sur l’enfant peuvent être graves, d’où l’importance pour les femmes enceintes de se protéger contre les piqûres de moustiques durant les trois derniers mois de grossesse3.

Comment le prévenir ?

A date, il n’existe pas de vaccin, ni de traitement préventif contre l’infection par le chikungunya.

Le meilleur moyen de prévenir l’infection est donc de se protéger contre les piqûres de moustiques grâce à des mesures simples3 :

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La prévention passe également par des mesures collectives visant à réduire le risque d’endémie et d’épidémie de chikungunya en ralentissant la reproduction des moustiques vecteurs par l’épandage d’insecticides et la destruction des gîtes larvaires3.

Comment diagnostiquer le chikungunya ?


Le diagnostic du chikungunya se fait grâce à une prise de sang visant à doser les anticorps dirigés contre le virus. Ces anticorps sont présents en grande quantité 3 à 5 semaines après l’apparition de la maladie et persistent pendant environ 2 mois6. Il est également possible de détecter directement le virus dans le sang durant les premiers jours suivant l’infection grâce à des méthodes de RT-PCR6.

Comment le traiter ?

A date, il n’existe pas de traitement curatif contre le chikungunya. La prise en charge des malades consiste à soulager les symptômes par des traitements spécifiques². Le ministère des Solidarités et de la Santé déconseille fortement l’utilisation de traitements à base de plantes ou de substances non prescrites par un médecin7.

Sources
  1. Chikungunya, Institut Pasteur.
  2. Chikungunya, Santé Publique France, contenu mis à jour le 21 décembre 2021.
  3. Chikungunya / Maladie de “l’homme courbé”. Une maladie infectieuse qui gagne du terrain, Inserm, 17 juin 2021.
  4. Chikungunya, dengue et zika - Données de la surveillance renforcée en France métropolitaine en 2021, Santé Publique France, contenu mis à jour le 13 décembre 2021.
  5. Chikungunya : la transmission mère-enfant établie, Institut Pasteur, 17 mars 2008.
  6. Chikungunya, Organisation mondiale de la santé (OMS), 15 septembre 2020.
  7. Chikungunya, ministère des Solidarités et de la Santé, contenu mis à jour le 20 janvier 2022.
  8. Cartes de présence du moustique tigre (Aedes albopictus) en France métropolitaine, Santé Publique France, 3 mars 2022.
auteur: Anabelle Iglesias
Anabelle Iglesias
Journaliste santé