La filariose
Le terme « filariose » désigne des maladies tropicales provoquées par des vers parasitaires filaires. Parmi ces infections, se trouve la filariose lymphatique ou éléphantiasis, caractérisée par un gonflement de certaines parties du corps. La transmission se fait le plus souvent via une piqûre de moustique1. Découvrez les zones à risque, les moyens de prévention et les traitements de la filariose.
Les filarioses lymphatiques sont liées à trois types de vers Filarioidea, des vers ronds dits « filaires » de par leur aspect filiforme. Le ver Wuchereria bancrofti est l’agent infectieux responsable de la filariose de Bancroft ou bancroftose. Les vers Brugia timori et Brugia malayi causent la filariose de Brugia ou brugiose2 . La première, la plus fréquente puisqu’elle représente 90 % des cas de filariose lymphatique, est présente dans les régions tropicales d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et des Amériques. La seconde est présente uniquement en Asie du Sud et du Sud-Est2et3. Plusieurs types de moustiques peuvent transmettre ces maladies : les moustiques anophèles, les moustiques Aedes, les moustiques Culex, etc. 3
Qu'est-ce que la filariose ?
Il s’agit d’une parasitose tropicale liée à une infestation par des vers ronds ou nématodes4. Ces vers, dont les larves sont transmises par la piqûre d’un moustique, migrent vers les vaisseaux lymphatiques où ils se logent. En altérant la circulation de la lymphe dans ces vaisseaux, ils sont responsables de la formation d’œdèmes. 4 Ces gonflements très caractéristiques ont valu à la filariose lymphatique d’être communément appelée « éléphantiasis »4.
L’Organisation Mondiale de la Santé révèle que 51 millions de personnes ont été infectées par une filariose lymphatique en 2018, un chiffre en baisse grâce à la mise en place de traitements préventifs dans les régions exposées au risque infectieux4. Au total, ce sont environ 120 millions de personnes, dans 81 pays, qui sont contaminées par le parasite. 7
Les moustiques se contaminent en se nourrissant du sang d’une personne infectée. Ils inoculent ensuite les larves du parasite en piquant une nouvelle personne. Les larves migrent vers le réseau lymphatique et mettent entre 6 et 12 mois à devenir adultes. Les vers adultes mesurent entre 80 et 100 mm de long pour les femelles et 40 mm pour les mâles. Les femelles produisent des formes immatures de vers appelées « microfilaires », qui peuvent circuler dans les vaisseaux sanguins (et peuvent à nouveau contaminer d’autres moustiques qui viendraient se nourrir).2
La filariose lymphatique est généralement contractée pendant l’enfance et ne provoque pas de symptômes apparents pendant de nombreuses années. Les gonflements visibles, douloureux et très stigmatisants font leur apparition bien plus tard, engendrant souvent un handicap permanent4.
Symptômes et dépistage de la filariose
Plusieurs types de symptômes peuvent être observés, selon la phase de la maladie. La phase inflammatoire aiguë (qui peut revenir de manière récurrente et dure environ 4 à 7 jours) se manifeste par2 :
- de la fièvre ;
- une inflammation des ganglions et des vaisseaux lymphatiques (nommée lymphangite) ;
- une épididymite ou inflammation de l’épididyme (canal où mature le sperme)5
Des infections bactériennes secondaires s’ajoutent parfois au tableau clinique. Un abcès peut être observé au niveau d’un membre atteint, entraînant la formation d’une fistule et d’une cicatrice2.
Les manifestations de la phase chronique s’observent en moyenne plus de 20 ans après 2 les premiers symptômes aigus. L’obstruction des vaisseaux lymphatiques due à la présence des vers adultes conduit à leur dilatation, à une inflammation chronique et à de possibles sur-infections bactériennes2.
Les œdèmes, ou lymphœdèmes, s’observent souvent au niveau des membres inférieurs, pouvant évoluer vers un éléphantiasis ou obstruction lymphatique chronique. Le ver W. bancrofti peut également être responsable d’obstruction lymphatique au niveau du scrotum, provoquant un hydrocèle ou accumulation de liquide dans la poche entourant le testicule2.
Parmi les autres symptômes non-lymphatiques, il est possible de lister2 :
- une hématurie (présence de sang dans les urines) ;
- une protéinurie (présence de protéines dans les urines) ;
- une polyarthrite (inflammation de multiples articulations).
Plus rarement, la filariose lymphatique peut conduire à une éosinophilie pulmonaire tropicale : les patients souffrent de spasmes au niveau des bronches de manière récurrente, d’infiltrations dans les poumons qui gênent la respiration, d’une légère fièvre et d’une augmentation importante des éosinophiles2 (type de globules blancs) 6 .
Le dépistage de la maladie repose sur des analyses sanguines et des biopsies de tissus lymphatiques. Les prélèvements sont observés au microscope pour rechercher la présence des microfilaires et déterminer le type de filariose. Le diagnostic s’appuie également sur des tests antigéniques (recherche de l’antigène dans le sang) et des tests d’anticorps sériques (recherche d’anticorps dans le sang)2.
Quelles sont les zones à risque ?
Potentiellement tous les pays compris dans la zone tropicale et subtropicale du globe sont concernés par la filariose lymphatique, soit 81 pays selon l’OMS7. La présence de la maladie dans ces régions a conduit à la mise en place de traitements préventifs dans 44 pays4.
Pour le ver Wuchereria bancrofti, 78 pays sont touchés, dans les régions humides et tropicales de l’Asie, de l’Afrique, d’Amérique centrale et d’Amérique du Sud, d’Océanie et des autres îles du Pacifique8. Les vers Brugia timori et Brugia malayi, quant à eux, sont présents uniquement en Asie (Sud et Sud-Est), de l’Inde à l’Indonésie3.
Prise en charge et traitements de la filariose
En 2000, l’OMS a mis au point un large programme de prévention dans les pays les plus affectés par la maladie. Les traitements prophylactiques reposent sur l’administration d’une dose annuelle de médicaments aux populations exposées au risque infectieux. Cette chimioprévention comprend plusieurs types de médicaments antiparasitaires, tels que l’albendazole, l’ivermectine ou le citrate de diéthylcarbamazine 4.
Pour soigner les patients infectés, le traitement varie selon si la maladie est en phase aiguë ou chronique. Le médicament préconisé est généralement le diéthylcarbamazine, un antiparasitaire qui agit sur les microfilaires et une partie des vers adultes2 .
La prise en charge des lymphœdèmes chroniques doit souvent combiner des soins cutanés locaux, des antiparasitaires et la prescription d’antibiotiques pour lutter contre les infections bactériennes secondaires. Des interventions chirurgicales sont généralement nécessaires pour rétablir une bonne circulation lymphatique2.
Prévention de la filariose
Le meilleur moyen d’éviter d’attraper une filariose est de se protéger contre les piqûres de moustiques si vous voyagez dans une zone tropicale. Selon la région du globe dans laquelle vous souhaitez vous rendre, des mesures de précaution spécifiques s’appliquent. Consultez nos conseils pour se protéger des moustiques :
Les filarioses lymphatiques peuvent être transmises par plusieurs types de moustiques très répandus, potentiellement vecteurs d’autres maladies telles que le paludisme, la dengue, la fièvre jaune ou encore le chikungunya.
Avant votre départ, vérifiez sur le site France Diplomatie quelles sont les maladies endémiques dans votre pays de destination. Si la filariose lymphatique y est présente, vous devrez vous équiper de produits anti-moustiques adaptés. L’OMS recommande notamment4 :
- l’utilisation de moustiquaires imprégnées d’insecticide ;
- la pulvérisation d’insecticides à effet rémanent à l’intérieur des habitations ;
- la prise de mesures de protection individuelle.
Pour la protection individuelle, vous pouvez opter pour l’emploi de répulsifs anti-moustiques à appliquer directement sur la peau (Insect Ecran Spécial Tropiques ou Zones Infestées) ou bien sur les vêtements (Insect Ecran Spray Vêtements et Tissus). Les femmes enceintes et les jeunes enfants doivent être particulièrement protégés, avec des produits adaptés. L’Insect Ecran Familles peut tout à fait convenir à ces populations fragiles (dès 24 mois).