Il s’agit d’une maladie provoquée par la bactérie Francisella tularensis, qui s’attrape notamment par ingestion d’eau contaminée, inhalation ou bien par piqûre ou morsure de mouches, tiques et moustiques1-2. Même si elle reste assez rare en Europe (hors péninsule scandinave), son incidence augmente1. Modes de transmission, symptômes, traitements et prévention, tout ce qu’il faut savoir cette infection.

La bactérie Francisella tularensis, responsable de la tularémie, peut engendrer différents tableaux cliniques selon le mode de contamination2. De plus en plus de cas de cette maladie ont été rapportés en France ces dernières années1. Les conséquences sont parfois sérieuses, puisqu’elle peut évoluer vers une septicémie1.

Qu'est-ce que la tularémie ?

La tularémie est une maladie dite « fébrile », qui entraîne de la fièvre, et peut s’apparenter à la fièvre typhoïde2. Elle est liée à une contamination par une bactérie à gram négatif : la bactérie Francisella tularensis. Sur les quatre sous-espèces de cette bactérie, seules deux peuvent causer la maladie1:

  • Francisella tularensis holartica se retrouve dans tout l’hémisphère nord ;
  • Francisella tularensis tularensis, est concentrée sur le continent nord-américain.

La maladie est relativement fréquente dans plusieurs pays : États-Unis, Japon, Russie, région scandinave. Sa fréquence augmente dans le reste de l’Europe, avec notamment 133 cas recensés en France en 2018 selon les dernières données disponibles1. Entre 2002 et 2012, la région Poitou-Charentes, selon l’ancien découpage administratif, semblait la plus touchée entre 2002 et 2012 3 .

Cette infection, en plus d’être transmissible à l’humain, touche plusieurs types d’animaux : des animaux sauvages (lapins, lièvres, sangliers, mulots, campagnols, ragondins, rats musqués...), des animaux domestiques de manière plus occasionnelle (chats, chiens, moutons...), des oiseaux, des animaux aquatiques...1-4. Comme les animaux infectés peuvent contaminer directement à l’Homme, on qualifie la tularémie de « zoonose ».

Les causes de la tularémie

La bactérie peut être transmise soit par un vecteur qui se nourrit de sang (mouches piqueuses, tiques, moustiques)5, soit par un contact avec un environnement contaminé (par des cadavres d’animaux ou des animaux eux-mêmes porteurs du germe). Elle peut survivre plusieurs mois dans un environnement favorable humide et à basse-température1.

Francisella tularensis pénètre dans l’organisme2 :

  • par une projection dans l’œil ;
  • par l’ingestion d’un aliment ou d’eau contaminée ;
  • par inhalation de poussières contaminées ;
  • par piqûre ou morsure de tiques, de mouches ou de moustiques.

Étant donné la possibilité de contracter la maladie par simple contact avec de l’eau contaminée, les activités en eau douce sont susceptibles de présenter un risque (par exemple le canyoning, le rafting, la pêche ou tout simplement la baignade)1.

Symptômes et signes de la tularémie

Les symptômes varient selon le type de tularémie (déterminé en partie par le mode de contamination). Les deux tableaux cliniques les plus fréquents sont la tularémie ulcéro-ganglionnaire et la tularémie typhoïdique 6.

Les premiers signes apparaissent très rapidement après le contact avec la bactérie, en 1 à 10 jours en moyenne (habituellement 2 à 4 jours), et comprennent2 :

  • une forte fièvre (entre 39,5 et 40 °C) ;
  • des céphalées ;
  • des nausées et vomissements ;
  • une très grande fatigue ou asthénie ;
  • des frissons et sueurs.

Le reste des symptômes évolue selon la forme que prend la maladie.

La forme ulcéro-ganglionnaire2-7. Dans le cas où elle est transmise par piqûre/morsure d’insecte, ou par un contact direct avec un élément contaminant à travers une plaie cutanée, une papule apparaît dans les 24 à 48 heures2. Elle peut très vite se transformer en pustule et s’ulcérer2. On observe ensuite une augmentation de la taille des ganglions lymphatiques, qui deviennent douloureux et peuvent suppurer7. Il existe une forme de tularémie purement ganglionnaire, où les ganglions lymphatiques sont atteints mais le patient ne présente pas de plaie cutanée ulcérée7.

La forme typhoïdique2. Aux symptômes initiaux s’ajoutent des douleurs abdominales, sans ulcération ni adénopathie.

Pour les cas contractés par inhalation ou quand la bactérie atteint la sphère pulmonaire (tularémie pulmonaire), il est fréquent de noter2-7 :

  • un essoufflement ;
  • une toux sèche ;
  • une sensation de brûlure derrière de sternum ;
  • une éruption cutanée.

Enfin, des signes cliniques concentrés sur certaines parties du corps sont possibles. Par exemple au niveau de l’œil si la bactérie pénètre l’organisme via une projection (tularémie oculo-glandulaire) ou au niveau de la bouche ou de la gorge (tularémie oropharyngée) en cas d’ingestion d’eau ou d’aliment contaminé7.

Une tularémie non prise en charge est susceptible d’évoluer vers une infection généralisée du sang ou septicémie7 (tularémie septicémique), voire un décès dans les cas les plus graves1.

Diagnostic de la tularémie

Il repose sur l’analyse de sang et d’autres liquides potentiellement infectés. Une tularémie sera recherchée chez les patients présentant une fièvre brutale, une augmentation de la taille des ganglions lymphatiques et/ou des ulcérations caractéristiques, dans un contexte de contact avec des tiques, mouches, animaux pouvant être porteurs de la bactérie.

Les prélèvements peuvent comprendre : une prise de sang, une ponction au niveau d’un ganglion, des prélèvements de pus ou d’expectorations (crachats). Les liquides sont ensuite analysés pour rechercher la présence de la bactérie Francisella tularensis.

Le diagnostic est parfois complété par une recherche dans le sang d’anticorps dirigés contre la bactérie7.

Traitement de la tularémie

Les personnes diagnostiquées se voient prescrire un traitement antibiotique. Le plus souvent, il s’agit de streptomycine injectée par voie intramusculaire pendant 7 à 10 jours. D’autres médicaments sont également efficaces contre une tularémie, comme par exemple la gentamicine, le chloramphénicol, la ciprofloxacine et la doxycycline7.

Quelques traitements locaux peuvent être proposés, selon la nature des symptômes : un drainage chirurgical pour les abcès très importants, l’application de compresses chaudes et de collyres pour les yeux infectés (avec port de lunettes noires recommandé)7 .

Des médicaments anti-douleur sont éventuellement prescrits pour soulager les maux de tête violents7.

Prévention et gestion des risques

Aucun vaccin ne permet, à l’heure actuelle, de se prémunir contre la tularémie2. Quelques mesures préventives s’appliquent donc si vous voyagez dans l’un des pays où la zoonose est répandue ou si vous pratiquez des activités extérieures en Europe et en France (tout particulièrement des sports d’eau douce).

Parmi les gestes préventifs recommandés, sont listés7 :

  • L’application de répulsifs cutanés contenant au moins 25 à 30 % de diéthyltoluamide ou DEET (comme l’Insect Ecran Zones Infestées formulé à base de 50 % de DEET).
  • L’application de répulsifs sur les vêtements (Insect Ecran Spray Vêtements et Tissus).
  • Rester autant que possible sur les chemins et sentiers quand vous vous baladez en forêt.
  • Marcher au milieu des chemins pour éviter le contact avec les broussailles et hautes herbes situées en bordure.
  • Porter des pantalons longs et les rentrer dans les chaussettes (ou bottes si vous en portez).
  • Ne pas boire, se baigner, nager dans une eau potentiellement contaminée (voir les recommandations spécifiques des Offices de tourisme des régions visitées) ;
  • Rechercher méticuleusement la présence de tiques sur les vêtements, la peau, les animaux de compagnie et les retirer avec un tire-tiques adapté.

Les autres maladies transmises par les moustiques et les tiques

Les maladies véhiculées par des insectes piqueurs sont nombreuses. Plusieurs genres de moustiques sévissent dans les régions touchées par la tularémie. Il est nécessaire, si vous prévoyez de vous rendre dans ces zones géographiques, de veiller à vous prémunir contre leurs piqûres. Toutes les préconisations ci-dessus s’appliquent. Pour des conseils spécifiques, vous pouvez consulter nos articles : Se protéger des moustiques en Amérique du Nord etSe protéger des moustiques en Asie.

Parmi les infections transmissibles par piqûres de moustiques, répandues sur les continents européen, nord-américain et/ou asiatique, les plus fréquentes sont le virus Zika, la Dengue ou encore le virus du Nil occidental. Les tiques constituent aussi un vecteur très important de maladies, la plus connue et la plus répandue étant la maladie de Lyme.

Sources

1. Agence Régionale de Santé Auvergne-Rhône-Alpes : La tularémie ; 4 septembre 2023
2. Manuel MSD - Version pour les professionnels de santé : Tularémie ; Vérifié/Révisé avr. 2022 https://www.msdmanuals.com/fr/...égatifs/tularémie
3. Santé Publique France : Bilan de 10 années de surveillance de la tularémie chez l'Homme en France ; Mis à jour le 6 septembre 2019
4. Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) : La Tularémie
5. Organisation Mondiale de la Santé Animale : Tularémie
6. Manuel MSD - Version pour les professionnels de santé : Types de tularémie.
7. Manuel MSD - Version pour le grand public : Tularémie ; Modifié sept. 2023
https://www.msdmanuals.com/fr/...ériennes-bactéries-gram-négatives/tularémie

auteur: Violaine Badie
Violaine Badie
Journaliste santé
Journaliste freelance pour plusieurs magazines de presse féminine et de presse professionnelle. Elle a fait sa carrière au sein de plusieurs magazines dont Doctissimo, Femme actuelle, Top Santé ou le moniteur des pharmacies. Elle a fait 3 années de médecine avant de se consacrer au journalisme.